Le théâtre est encore une idée neuve, à la télévision

Publié par le Mai 19, 2013 dans Société | 0 commentaire

Rideau rougePresse est unanime, ce fut un four. La promesse était pourtant belle d’un dimanche soir dédié au théâtre, le 28 avril dernier, en deux temps : d’abord le « Palmarès du théâtre », la cérémonie de remise des prix proprement dite, suivie de la « Troupe d’un soir », constituée de comédiens réputés en charge d’interpréter un florilège de scènes de notre répertoire. Le Journal de 20h de France2 venant s’intercaler entre les deux émissions.

La critique fut sévère, mais juste : laborieux, interminable, sans rythme, décor digne de l’ORTF… J’ai même lu : « rendez-nous nos Molières ». Pitié, non, pas les Molières !

Pourtant, nous avons vécu une cérémonie de remise de prix simplement supportable. En cela, c’est une nouveauté, une révolution même ! Terminée la pâle imitation de la cérémonie des Césars. Nous avons été gratifiés une vision courte et légère de ce genre de manifestation, expédiée en 50 minutes ! Et c’est bien suffisant lorsqu’on est derrière son écran ! Pour tenir le timing, la soirée s’est affranchie de l’interminable litanie des nominés et n’a réservé qu’une minute de remerciements à chaque gagnant, le rappelant à l’ordre par un coup de gong. Une soirée efficace certes, mais néanmoins chaleureuse, sincère et pleine d’intelligence dans le propos. On aurait dit une remise de prix au sein d’un cours d’art dramatique, pour ceux qui ont connu.

Pour autant, cet esprit de famille fut poussé bien trop loin. Pour le téléspectateur lambda qui ne passe pas toutes ses soirées au théâtre, pour le non-professionnel disons, cette cérémonie n’avait que peu d’écho. Afin d’impliquer le public, est-ce trop demander aux organisateurs d’aller au-delà de l’annonce du titre d’un spectacle ? Ne pourrait-on incarner ce palmarès par un pitch de la situation ou quelques images d’une représentation ? Il y a si peu de théâtre à la télévision qu’il est blâmable de gâcher une telle occasion de créer du désir.

Au sujet de la « Troupe d’un soir », en seconde partie, les organisateurs ont enfilé les scènes sans fil conducteur. Pourquoi celle-ci plutôt qu’une autre ? La sélection est aussi discutable tant notre répertoire est vaste. Ce n’était pas une émission à faire naitre des vocations d’apprenti comédien ou d’aspirant auteur. Loin de là. Aucune magie. A tout prendre, et en bonne logique, chacun aurait préféré un extrait des pièces  ayant décroché un prix quelconque (une « Servante ») lors du Palmarès ! Une lecture tout au moins !

Si ce n’est pas possible, je suggère pour les prochaines éditions de trouver un thème. Cette année, par exemple, en pleine affaire Cahuzac, les organisateurs auraient inspirés de traiter « la corruption des élites ». Imaginez maintenant Ruy Blas… L’air altier et noble que lui confèrent sa cape et son épée. Il s’avance vers les conseillers du roi attablés et leur lance son célèbre : « Bon appétit, messieurs ! »

                    Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !

Photo Flickr de Kiyoshi.be

Ne pas utiliser la créativité de ses employés, c’est gaspiller de l’argent !

Publié par le Avr 27, 2013 dans Innovation Participative | 0 commentaire

« L’heure est désormais à l’innovation participative. Une démarche de management visant à stimuler l’esprit d’initiative et la créativité au travail. » On boit du petit lait à lire ces quelques mots d’Elodie Chermann qui signe un article intitulé « De plus en plus d’entreprises optimisent la capacité d’invention des cols bleus » dans Le Monde – supplément éco&entreprises du 16 avril 2013.

La journaliste appuie cette salutaire affirmation par un tour d’horizon des pratiques en œuvre chez Renault,  La Poste, Michelin ou encore Malakoff Médéric.

Partout, on se félicite de l’implication du personnel, laquelle s’évalue au nombre de suggestions émises : 3.660 idées de la part des agents du service courrier de La Poste au cours de l’année 2012 ; 49.255 suggestions répertoriées par Michelin en 2012, dont la moitié a été mise en œuvre (soit 20.834) !

Argent bruléQu’est-ce que cela rapporte ? Accrochez-vous : « Cela nous a permis de réduire les coûts de 13 millions d’euros net. », révèle Roger Mondière, coordinateur de l’innovation participative chez Michelin.

Des résultats aussi époustouflants qui tiennent naturellement à la qualité des suggestions (une sur deux est acceptée, nous l’avons vu) ainsi qu’à une longue tradition du management participatif. Chez Michelin, elle remonte à 1927 ! Le Clermontois fut en effet le pionnier de la boite à idées en France, outil devenu totalement obsolète depuis l’apparition des SMI, Systèmes de management des idées.

Instaurer une politique d’innovation participative demande de l’opiniâtreté et du courage, tant elle bouscule les habitudes héritées du taylorisme, en restaurant la parole et sollicitant la créativité de tous, ressource rare jusqu’alors superbement ignorée. Effet collatéral, cette démarche démasque rapidement l’incompétence de certains petits chefs puisqu’il leur revient de se prononcer sur la valeur potentielle d’une idée, puis d’aider à sa mise en pratique.

Le contraire de l’innovation participative, c’est de penser que chacun doit faire son travail… et rien de plus.

Ce n’est donc pas étonnant d’apprendre, dans l’article précité, que seuls 9 % des Français pensent que leur hiérarchie plébiscite leur capacité d’innovation (étude de l’Observatoire du travail BPI group-BVA – 2012). C’est formidablement peu et tellement paradoxal à l’époque où la pérennité des entreprises est liée à leur capacité inventive.

Impliquer l’ensemble du personnel est le meilleur moyen de conduire l’amélioration continue, grâce à l’émulation collective et l’envie d’être reconnu individuellement par ses pairs.

Impliquer l’ensemble du personnel est aussi le meilleur moyen de le faire adhérer à la stratégie d’entreprise et de redonner du sens collectif à l’action.

En effet, au lieu d’imposer un objectif stratégique, n’est-il pas préférable d’organiser un challenge d’idées sous cette forme : quelles idées originales auriez-vous pour atteindre tel ou tel objectif ?

Ajoutons que l’innovation participative peut se pratiquer dans les entreprises de toute taille. C’est avant tout un état d’esprit.

Photo Flickr de Images_of_Money

Etes-vous plutôt « in » ou « out » ?

Publié par le Avr 22, 2013 dans Créativité - Mode d'emploi | 0 commentaire

Out of the boxC’est un lieu commun : pour être créatif, il faut penser en dehors de la boite, le fameux « Think out of the box ». Vincent Baillet, lui, suggère de commencer par bien regarder dans la boîte.

Pour le consultant de Solidcreativity, les innovations les plus étonnantes sont souvent les plus simples, celles dont la solution était à portée de main, si évidente, après coup bien sûr.

Lors d’une journée organisée par la Flupa à la Cité des Sciences, il y a quelques jours, il a eu le loisir de nous présenter sa méthode de travail nommée Asit pour résoudre des problèmes ou imaginer de nouveaux produits et services. Asit est un acronyme qui signifie Advanced Systematic Inventive Thinking.

Cette méthode, introduite en France en 2004, a été inventée par Roni Horowitz pour simplifier l’application de la théorie Triz, née dans les années 40, à partir de l’étude poussée de la nature inventive des brevets déposés.

L’outil Asit est rassurant parce qu’il part de l’existant. L’idée est de faire avec ce qu’on a sous la main en imaginant toutes les combinaisons possibles. Vincent Baillet illustre la situation en se référant au héros de la série télévisé MacGyver.

En pratique, on définit l’objectif à atteindre (l’effet voulu), puis on liste les objets clés qui constituent l’environnement du problème (ex : pour innover dans la confiture, on considère : le pot, le couvercle, l’adjuvant, la cuisson, les fruits…), enfin on construit systématiquement des propositions stimulantes (des phrases qui provoquent la réflexion)

Les cinq outils de résolution créative ASIT :
– Unification (utilise les objets déjà présents d’une nouvelle façon, optimise l’existant et utilise les contraintes)
– Multiplication (ajoute des objets avec une contrainte)
– Division (réorganise l’existant)
– Rupture de symétrie (casse les standards)
– Suppression (souvent, enlever un objet est profitable)

Comme on le voit, Asit veut explorer à fond le contenu de la « box » avant de passer à autre chose, « il ne faut pas confondre créativité et excentricité, créativité et extravagance », souligne Vincent Baillet.

Dans le même esprit, Asit privilégie « les potentiels présents », précise-t-il, autrement dit mieux vaut continuer de chercher avec les ingénieurs qui butent sur le problème que d’aller glaner des regards extérieurs. Autre lieu commun.

On l’a compris la vérité n’est pas forcément ailleurs.

Photo Flickr de Kiyoshi.be

Pousse-toi de là que j’innove

Publié par le Mai 20, 2012 dans Innovation - Lenteur | 0 commentaire

Pour évoquer l’éclosion du livre numérique, le magazine « Comment ça marche », dans son numéro de mai, nous a sorti une couverture de derrière les fagots. D’abord, un titre catastrophe : « Liseuses électroniques : la mort du livre ? ». Ensuite, une illustration choc : des livres au milieu des flammes, en arrière-plan. On frémit.

Il faut bien attirer le chaland, certes, mais quel est le message à l’attention de ceux qui vont tomber nez à nez sur « Comment ça marche », au milieu du patchwork de revues qui tapisse nos kiosques ? Rien de très subliminal en première intention : ayez peur ! Tout fout le camp, plus rien de sacré, même le livre.

Vous souvenez-vous de la scène de l’incendie de la bibliothèque dans le film « Au nom de la Rose » ? Tous ces manuscrits qui se consument effaçant, peut-être définitivement, la pensée et les connaissances des grands auteurs antiques ? Une véritable scène d’horreur.

Grâce à la numérisation, l’humanité a déjà atteint un point de démocratisation de la culture sidérant. Bientôt, on y travaille déjà, une liseuse électronique, épaisse de quelques millimètres, nous servira d’accès au contenu de n’importe quelle bibliothèque à travers le monde.

Pourquoi avoir peur ? Chez les professionnels du livre, du fabricant de papier au libraire, en passant par le distributeur, des mutations s’annoncent. Comme depuis toujours et comme dans tous les secteurs ! Rien de nouveau.

Lorsque les premiers métiers à tisser sont apparus, les Canuts de Lyon pressentant le chômage les ont brisés à coup de sabots. D’où le verbe : saboter. C’est ce que fait, à sa façon, l’industrie du livre en proposant un téléchargement de fichier quasiment au même prix qu’un livre papier. Tant d’intelligence marketing incite évidemment les lecteurs à régler le problème par eux-mêmes et favorise l’apparition de nouveaux acteurs qui viendront dynamiter le système, comme ce fut le cas dans la musique.

Les professionnels du livre vont payer un rude tribut au progrès, certainement, mais notre époque si novatrice ne va épargner personne, du haut au bas de l’échelle sociale. Après tout, il n’y a pas de raison que les caissières soit les seules à trinquer avec l’apparition des caisses automatiques ou bientôt des puces Rfid sur les produits.

Par exemple, on avance à grand pas vers la chirurgie non intrusive et, d’ici 2014, une nouvelle thérapie va permettre à 30.000 cardiaques par an en France d’éviter une opération à coeur ouvert. On sait désormais régénérer naturellement les tissus abimés du muscle cardiaque en leur implantant un greffon, via un simple cathéter placé dans une artère. Et ce greffon provient de cellules souches de sang du malade lui-même ! Cette « auto-greffe cellulaire » va reléguer les nombreux spécialistes de l’ouverture du thorax. Tant mieux pour les patients, mais on court immanquablement à la crise d’identité pour de nombreux chirurgiens. Un chirurgien sans scalpel, c’est comme un plombier à qui, il y a quelques années, on a interdit le plomb…

C’est pas parce qu’on a rien à dire… qu’il ne faut pas faire de pub

Publié par le Fév 11, 2012 dans Innovation - Lenteur | 0 commentaire

Un encart publicitaire m’a laissé pantois : la journaliste Valérie Trierweiler nous annonce qu’elle accueille José Garcia à l’antenne de Direct8. Elle est toute souriante, en plan large, tandis que le nom de son invité est indiqué dans le coin. C’est à se demander si chez Direct8, comme ailleurs, l’invité ne sert pas de faire-valoir à l’animateur de l’émission…

Cela pourrait se concevoir lorsque vous rendez visite à un animateur qui assure le spectacle, du type showman, mais pour un journaliste politique, cela me dépasse un peu. Remarquez bien que je ne prends pas José Garcia en pitié, d’autant qu’il vient en service commandé pour faire la promo de son dernier film (« La vérité si je mens »).

Au final, cette pub m’apparait bien pathétique. A l’image d’un système qui se mord la queue faute d’idée neuve et qui nous sert le même concept d’émission vu et revu cent fois : le présentateur superstar face à l’invité VRP. Le syndrome Drucker, qui se flatte souvent « d’être vendu avec le poste télé ».

Rendons à Direct8 la singularité qui lui appartient : communiquer sur celle qui deviendra probablement la première dame de France. On ne sort pas du pathétique, décidemment.

La créativité, c’est parfois un petit détail qui change tout et qui peut rapporter gros. L’émission « L’amour est aveugle » organise des rencontres amoureuses dans le noir total. Un carton ! Fallait y penser.

En matière de divertissement, on peut se permettre bien des fantaisies, d’accord, mais en matière politique, comment innover même un peu ? Je vous propose les deux idées suivantes, alléguant qu’on peut en avoir mille autres, l’imagination étant infinie.

D’abord, une idée que l’on pourrait baptiser « le chalet », sous entendu bloqué par la neige. Le jeu consisterait à enfermer deux adversaires politiques dans une même pièce à l’ambiance cosy (du genre feu de cheminée, fauteuil en cuir…) pendant un temps imparti. Pas d’animateur,  surtout pas, mais une batterie de caméras. Les participants se disent ce qu’ils veulent, quand ils le veulent. Je pense que l’on aurait des surprises de tous ordres et pour le moins des conversations inattendues et des révélations personnelles.

Seconde idée : transposer le concept des 6 chapeaux de la réflexion d’Edward de Bono à une émission politique. Cela permettrait de dépasser les polémiques habituelles du pour ou du contre au profit d’un examen intelligent d’une problématique (les acteurs politiques auraient donc l’occasion montrer qu’ils sont intelligents, au lieu de défendre un crédo en toute mauvaise foi. Révolutionnaire.)

Très simple à mettre en oeuvre, cette technique, qui a valu à son auteur une renommée internationale, permet d’organiser la réflexion selon six points de vue successifs (ou modes de pensée) symbolisés par des chapeaux virtuels de couleurs différentes. Pendant l’émission, grâce à l’animateur, tout le monde va orienter sa réflexion dans le même sens et au même moment : le chapeau jaune pour positiver, le chapeau noir pour être prudent, le vert pour être créatif…

A l’opposé des débats stériles, les six chapeaux permettent de sortir des cadres de réflexion habituels pour trouver des solutions originales et… consensuelles.

On pourrait toutefois essayer, non ?

L’innovation au bout du rouleau

Publié par le Déc 24, 2011 dans Innovation - Audace | 0 commentaire

Avez-vous jamais vécu l’Aquatube expérience ? Cette pratique relève de l’intime, généralement après s’être enfermé dans les toilettes. Vous pouvez désormais faire ce geste hautement réprouvé par la bienséance : jeter dans la cuvette des wc le tube de carton qui reste en fin de rouleau !

Grâce à Lotus, ce tube, cet Aquatube plutôt, va se dissoudre instantanément au contact de l’eau, comme le papier hygiénique qui l’enrobait. Démonstration chaque soir en prime time dans un spot télé, avec la mention « réalisé sans trucage » incrustée dans l’image.

Si vous voulez en savoir plus, un site est entièrement dédié à ce produit révolutionnaire avec moult informations, une application iPhone à télécharger ou encore un mini-jeu dans un décor de toilettes, évidemment.

Avec Aquatube, on apprécie la rupture en termes d’usage, premier enseignement. C’est l’orientation Décathlon. « Nous ne recherchons pas l’extase technologie », s’amusait à dire Irwin Wouts, responsable développement et innovation, lors d’une conférence au Cnam, il y a quelques années déjà. Par contre, les produits qui avaient « cartonnés », expliquait-il, apportaient du nouveau dans l’usage : plus simples, plus sûrs, plus solides, etc. Il cita l’exemple le gant Selfheat équipé d’une valve dans laquelle on souffle dedans pour se chauffer les mains ! Il faut rappeler ici que 80% des innovations qui sortent sur le marché ne sont pas d’ordre technologique !

Le gant selfheat n’importe qui aurait pu y penser. Comme cette histoire de tube jetable. Les feuilles de papier hygiénique, pages blanches de l’imagination ? Parfaitement. On peut même dire que plus le produit est banal, plus il est urgent d’être créatif.

Sur son site la société Renova prétend avoir « révolutionné » le papier toilette en proposant des coloris raffinés. Pour certains publics, en effet, la décoration intérieure est une affaire d’importance qui ne souffre pas de touches dissonantes. L’entreprise propose même un modèle en couleur noire pour les lieux d’aisance.

La grande difficulté est de croire qu’il est impossible de réinventer un produit basique. En ouvrant l’axe santé, Candia a prouvé que l’imagination pouvait être sans limite autour du lait ! Quoi de plus ordinaire que le lait ? Dans les supermarchés, on en trouve désormais pour combattre tout type d’affection (*), même du lait pour ceux qui n’aiment pas le lait… Trop fort.

(*) Silhouette,  Viva magnésium, Viva avec vitamines,  Croissance pour les bébés, Calcium plus contre l’ostéropose, Silhouette plus avec fibres pour le transit,  Oméga 3 contre les problèmes cardio-vasculaires…

De l’équité en rugby

Publié par le Oct 19, 2011 dans Société | 0 commentaire

Le fair-play sur le terrain et la convivialité en dehors sont l’esprit même du rugby. L’Ovalie est aussi un monde plus propice aux nouveautés que bien des sports, notamment le football, comme l’atteste l’arbitrage vidéo ou encore la créativité décomplexée des maillots, pour preuve les visuels les plus insolites sur fond rose arborés par les costauds du Stade français.

En battant l’Angleterre puis le Pays de Galles, l’équipe de France de rugby a gagné son ticket pour la finale de la coupe du monde. Cette fierté se rehausse de la saveur particulière de renvoyer à la maison nos amis britanniques.

Sportivement, avouons que c’est un hold-up. Les vaillants Gallois méritaient la victoire et ils ont poussé la démonstration jusqu’à marquer un superbe essai. La France, aucun essai. Elle gagne tout de même. Bizarre, non ? C’est le rugby. Un sport qui se joue avec les mains et qui se gagne avec les pieds. A trois points la pénalité si vous avez un tireur d’élite, du genre Wilkinson, il vous suffit de capitaliser sur chacune des fautes de l’adversaire pour devenir champion du monde, comme ce fut le cas de l’Angleterre en 2003.

D’autant qu’elles pleuvent les fautes, tant les règles du jeu sont subtiles, foisonnantes… souvent incompréhensibles pour le téléspectateur lambda, disons plutôt invisibles sur le coup. C’est pourquoi les commentateurs d’un match passent une bonne moitié de leur temps à nous expliquer pourquoi il y a eu faute, en décryptant l’image au ralenti…

Depuis longtemps, j’ai l’idée d’une nouveauté dans les règles du jeu : le vainqueur serait celui qui marque le plus d’essais. En cas d’égalité, alors seulement on comptabiliserait les coups de pied de pénalité.

J’en parle peu il est vrai, mais toutes les fois où j’ai osé cette brillante suggestion je n’ai reçu que des regards interdits et surtout indifférents. Je reste persuadé que nous sommes au moins des centaines à avoir cette idée. Pas vraiment de quoi en faire un billet, sauf que j’ai fait un tour sur Wikipédia il y a deux jours juste pour voir si les règles du jeu y figuraient. En laissant fureter mon regard et je tombe sur un paragraphe surprenant : au tout début du rugby, en 1875, les essais ne donnaient pas de points, mais seulement le droit de tenter une transformation au pied entre les barres (on marquait ainsi des « buts »). Le site ajoute : « De 1875 et 1877, le vainqueur était toujours celui qui marquait le plus de buts, mais les essais servaient à départager une éventuelle égalité. »

Etonnant, n’est-ce pas ? Je propose simplement de poursuivre cette évolution, en déclarant vainqueur celui qui marque le plus d’essais, les points de pénalité ne servant à départager deux équipes à égalité. Cette rénovation me semble aller vers plus d’équité, de bon sens et, allez savoir, de droits télévisés.

Photo Flickr de Philheckel

France-Soir allume ses feux de brouillard

Publié par le Oct 15, 2011 dans Innovation - Lenteur | 0 commentaire

France-Soir va disparaitre des kiosques dans les prochains jours. Après un énième plan de licenciement, car depuis les années 70 le quotidien subit une hémorragie continue de ses lecteurs, le titre va toutefois perdurer sur internet. Sur internet uniquement, comme près de 200 quotidiens américains, essentiellement régionaux, qui sont passés au « tout numérique » avant même l’arrivée des tablettes et de ce qui va suivre…

France-Soir du 12 octobre 2011. A la une : faits divers, foot, télé, tiercé...

Qu’est-ce que c’est France-Soir, à propos ? Un journal, oui. Un titre de presse mythique, certes, dont le tirage dépassait allègrement le million d’exemplaires du temps du Général et de la télé noir et blanc. Aujourd’hui, et après un gros effort marketing, un noyau stable de 40.000 personnes achète cette feuille de choux qui donnerait presque des allures d’intellectuel au lecteur du Parisien.

Une fois la version papier supprimée, que restera-t-il ? Pourquoi voudrait-on, jeune ou vieux, se connecter à la toile pour lire « son » France-Soir ? Du reste, vouloir conquérir la Toile avec un nom pareil, c’est pas gagné, sauf à jouer la carte vintage…

Innover, c’est réinventer son métier en permanence, nous enseigne Marc Giget au Cnam. Il précise qu’en dépit des apparences les métiers changent peu, par contre de nouveaux acteurs ne manquent jamais d’arriver, parfois pour détrôner des vieilles gloires que l’on croyait immortelles, à l’instar de ManuFrance, Lip ou Moulinex. Elles ont été supplantées par des machines à innover de référence mondiale que sont les Décathlon, Swatch ou Seb.

Le problème demeure qu’il faut avoir quelque chose dans le ventre pour entamer une stratégie de dématérialisation. On cite souvent IBM qui a renoncé à vendre des machines, mais Les Echos ont fait figure de pionnier en proposant une liseuse à leur propre griffe, dès 2007. Retirer le papier à France-Soir, c’est comme interdire au plombier d’utiliser le plomb. On génère une crise d’identité. Une fois enfilée la combinaison de cyberjournaliste que va-t-il se passer ? Chacun sait bien que le tout digital est une autre planète, déjà largement colonisée et où rodent les redoutables pure-players aux dents acérées. Dès lors, quoi vendre à qui ? On verra bien, doit penser le jeune propriétaire russe, Alexandre Pougatchev dont la priorité est d’arrêter les frais, puisque sa danseuse va perdre 19 millions d’euros cette année (contre 31M€ en 2010).

S’il veut continuer à exploiter le nom France-Soir sur le marché de l’information, en évoluant en même temps que les nouveaux supports, il lui faudra élaborer un nouveau business model et donc se poser ces questions existentielles pour toute entreprise soucieuse de vraie stratégie et non d’agitation commerciale : qu’avons-nous de remarquable ? Quelle exclusivité, originalité, vision, séduction ? Auprès de qui se rendre irrésistible ?

Tout arrêt sur image peut-être mortel. Innover, c’est aussi savoir dépasser sa nostalgie.

Silence… on danse !

Publié par le Juil 30, 2011 dans Innovation - Audace | 0 commentaire

Voilà une idée qui ne fera pas de bruit et c’est justement le but. Début juillet, une grande soirée dansante a été organisée à Grenoble sur un concept qui nous vient droit de Grande Bretagne : la discothèque silencieuse. Silencieuse pour les riverains seulement, c’est pourquoi on a pu réunir des centaines de danseurs au parc Paul Mistral de Grenoble jusqu’à 3 heures du mat’. Je vous donne le truc : 8000 casques audio, HF stéréo, ont été distribués devant le dancefloor. On pouvait même basculer d’une ambiance musicale à l’autre, puisque deux DJ opéraient simultanément sur deux canaux différents. Ils furent même 9 DJ à se relayer durant cette soirée insolite où chacun se trémoussait en silence.

C’est énorme : on a enlevé le bruit ! Cette audace me ravit et me fait penser à la stratégie Océan bleu puisqu’elle permet d’imaginer la suppression d’un critère clé sur lequel se battent tous les concurrents. Ainsi, le Cirque du Soleil a osé supprimer les animaux de son spectacle ou encore Body Shop a osé vendre du cosmétique dans des flacons ou des pots purement fonctionnels et sans aucun glamour.

Je rappelle que cette méthode procède des travaux de Renée Mauborgne et W. Chan Kim, enseignants à l’Insead et auteurs de « Stratégie Océan Bleu ».

En deux mots, la stratégie Océan bleu conduit créer un nouvel espace de marché, vide de concurrent ! Le travail commence par l’observation des attributs des produits/services sur lesquels se joue la compétition afin de décomposer la concurrence en critères-clés. On bâtit ensuite un « canevas stratégique » afin de visualiser le niveau requis pour chaque critère (faible, moyen….).

Un nouveau positionnement stratégique va naître de la manière de reconsidérer ces critères:
– Quels critères faut-il éliminer parmi ceux communément admis ?
– Lequels faut-il  réduire ou bien rehausser par rapport aux normes du secteur ?
– Lequels faut-il enfin créer parce que le marché ne les propose pas ? (vive la créativité).

C’est ainsi que le Cirque du Soleil a connu un succès international, tandis que le cirque traditionnel déclinait, en offrant au spectateur une expérience inédite, à partir d’une redéfinition des facteurs-clés : par exemple, on supprime les animaux (le plus onéreux) ; on conserve le chapiteau ou les acrobates ; on améliore le confort intérieur ou la localisation en ville ; enfin, on introduit dans le cirque toutes les caractéristiques de la comédie musicale ou de l’opéra (un nom et une intrigue par spectacle, des costumes  éblouissants, des décors grandioses, une musique originale…)

De plus, le concept d’innovation-valeur permet d’alléger sa structure de coûts tout en augmentant la valeur perçue par le client.

J’aime beaucoup pratiquer cette démarche ou la décliner vers des objectifs non stratégiques (comme la réduction de coût… eh oui).

Photo Flickr de Stylewalker

Téléportation : phase 1, réussie !

Publié par le Juin 27, 2011 dans Innovation - Audace | 1 commentaire

L’exposition HelloDemain, à la Cité de Sciences de Paris, nous a offert une immersion dans notre futur numérique. Parler de futur parait même impropre tant les outils numériques semblaient parfaitement au point et prêts pour leur diffusion dans nos villes et nos foyers.

Dans l’ensemble, et tout impressionnant que soit le résultat, on pouvait prévoir la nature des produits exposés. Dans le monde de demain, toutes les surfaces lisses (murs, table de cuisine, abribus…) deviennent des écrans tactiles, le poste de télévision mesure désormais quatre mètres par trois avec une image en HD, les jeux vidéos ou les téléconférences se déroulent obligatoirement en 3D, bref il n’y a que le papier toilette qui ne soit pas encore rendu intelligent par la fée domotique.

Une attraction, néanmoins, a laissé pantois les visiteurs (parmi les moins jeunes du moins, restons prudent) : le théâtre holographique. J’ai pu voir Bernard Werber, l’écrivain à succès, se prêter avec jubilation au jeu de la téléportation. En deux mots, Bernard était « filmé » dos au public qui voyait apparaitre son avatar debout sur une scène de théâtre, avec un réalisme stupéfiant. Il pouvait apparaitre ou disparaitre à volonté dans un scintillement d’étoiles. A un moment, il a été téléporté en pleine jungle, dont la végétation apparaissait également en 3D.

Grâce à cette technologie qui repose sur un jeu d’écrans transparents et une grosse bande passante, on comprend qu’il va devenir possible d’assister autrement à une représentation scénique.

Avec le théâtre holographique, il s’agit encore de spectacle vivant et non pas d’une retransmission en direct ou de la projection d’un enregistrement.

Pourra-t-on bientôt assister au festival d’Avignon « comme si on y était » depuis une salle parisienne ? On peut s’émerveiller devant la démocratisation de la culture que permet ce procédé. Du reste, certains spectacles pourraient être conçus uniquement pour une diffusion holographique, notamment pour le plaisir de multiplier des décors virtuels enveloppant les comédiens.

En France, chaque jour deux bistrots ferment définitivement leurs portes. Et si quelques salles étaient réaffectées à un nouveau mode de sortie, le spectacle holographique ?

Photo Flickr de Guillaume Brialon