Ne pas utiliser la créativité de ses employés, c’est gaspiller de l’argent !

« L’heure est désormais à l’innovation participative. Une démarche de management visant à stimuler l’esprit d’initiative et la créativité au travail. » On boit du petit lait à lire ces quelques mots d’Elodie Chermann qui signe un article intitulé « De plus en plus d’entreprises optimisent la capacité d’invention des cols bleus » dans Le Monde – supplément éco&entreprises du 16 avril 2013.

La journaliste appuie cette salutaire affirmation par un tour d’horizon des pratiques en œuvre chez Renault,  La Poste, Michelin ou encore Malakoff Médéric.

Partout, on se félicite de l’implication du personnel, laquelle s’évalue au nombre de suggestions émises : 3.660 idées de la part des agents du service courrier de La Poste au cours de l’année 2012 ; 49.255 suggestions répertoriées par Michelin en 2012, dont la moitié a été mise en œuvre (soit 20.834) !

Argent bruléQu’est-ce que cela rapporte ? Accrochez-vous : « Cela nous a permis de réduire les coûts de 13 millions d’euros net. », révèle Roger Mondière, coordinateur de l’innovation participative chez Michelin.

Des résultats aussi époustouflants qui tiennent naturellement à la qualité des suggestions (une sur deux est acceptée, nous l’avons vu) ainsi qu’à une longue tradition du management participatif. Chez Michelin, elle remonte à 1927 ! Le Clermontois fut en effet le pionnier de la boite à idées en France, outil devenu totalement obsolète depuis l’apparition des SMI, Systèmes de management des idées.

Instaurer une politique d’innovation participative demande de l’opiniâtreté et du courage, tant elle bouscule les habitudes héritées du taylorisme, en restaurant la parole et sollicitant la créativité de tous, ressource rare jusqu’alors superbement ignorée. Effet collatéral, cette démarche démasque rapidement l’incompétence de certains petits chefs puisqu’il leur revient de se prononcer sur la valeur potentielle d’une idée, puis d’aider à sa mise en pratique.

Le contraire de l’innovation participative, c’est de penser que chacun doit faire son travail… et rien de plus.

Ce n’est donc pas étonnant d’apprendre, dans l’article précité, que seuls 9 % des Français pensent que leur hiérarchie plébiscite leur capacité d’innovation (étude de l’Observatoire du travail BPI group-BVA – 2012). C’est formidablement peu et tellement paradoxal à l’époque où la pérennité des entreprises est liée à leur capacité inventive.

Impliquer l’ensemble du personnel est le meilleur moyen de conduire l’amélioration continue, grâce à l’émulation collective et l’envie d’être reconnu individuellement par ses pairs.

Impliquer l’ensemble du personnel est aussi le meilleur moyen de le faire adhérer à la stratégie d’entreprise et de redonner du sens collectif à l’action.

En effet, au lieu d’imposer un objectif stratégique, n’est-il pas préférable d’organiser un challenge d’idées sous cette forme : quelles idées originales auriez-vous pour atteindre tel ou tel objectif ?

Ajoutons que l’innovation participative peut se pratiquer dans les entreprises de toute taille. C’est avant tout un état d’esprit.

Photo Flickr de Images_of_Money

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