De l’équité en rugby
Le fair-play sur le terrain et la convivialité en dehors sont l’esprit même du rugby. L’Ovalie est aussi un monde plus propice aux nouveautés que bien des sports, notamment le football, comme l’atteste l’arbitrage vidéo ou encore la créativité décomplexée des maillots, pour preuve les visuels les plus insolites sur fond rose arborés par les costauds du Stade français.
En battant l’Angleterre puis le Pays de Galles, l’équipe de France de rugby a gagné son ticket pour la finale de la coupe du monde. Cette fierté se rehausse de la saveur particulière de renvoyer à la maison nos amis britanniques.
Sportivement, avouons que c’est un hold-up. Les vaillants Gallois méritaient la victoire et ils ont poussé la démonstration jusqu’à marquer un superbe essai. La France, aucun essai. Elle gagne tout de même. Bizarre, non ? C’est le rugby. Un sport qui se joue avec les mains et qui se gagne avec les pieds. A trois points la pénalité si vous avez un tireur d’élite, du genre Wilkinson, il vous suffit de capitaliser sur chacune des fautes de l’adversaire pour devenir champion du monde, comme ce fut le cas de l’Angleterre en 2003.
D’autant qu’elles pleuvent les fautes, tant les règles du jeu sont subtiles, foisonnantes… souvent incompréhensibles pour le téléspectateur lambda, disons plutôt invisibles sur le coup. C’est pourquoi les commentateurs d’un match passent une bonne moitié de leur temps à nous expliquer pourquoi il y a eu faute, en décryptant l’image au ralenti…
Depuis longtemps, j’ai l’idée d’une nouveauté dans les règles du jeu : le vainqueur serait celui qui marque le plus d’essais. En cas d’égalité, alors seulement on comptabiliserait les coups de pied de pénalité.
J’en parle peu il est vrai, mais toutes les fois où j’ai osé cette brillante suggestion je n’ai reçu que des regards interdits et surtout indifférents. Je reste persuadé que nous sommes au moins des centaines à avoir cette idée. Pas vraiment de quoi en faire un billet, sauf que j’ai fait un tour sur Wikipédia il y a deux jours juste pour voir si les règles du jeu y figuraient. En laissant fureter mon regard et je tombe sur un paragraphe surprenant : au tout début du rugby, en 1875, les essais ne donnaient pas de points, mais seulement le droit de tenter une transformation au pied entre les barres (on marquait ainsi des « buts »). Le site ajoute : « De 1875 et 1877, le vainqueur était toujours celui qui marquait le plus de buts, mais les essais servaient à départager une éventuelle égalité. »
Etonnant, n’est-ce pas ? Je propose simplement de poursuivre cette évolution, en déclarant vainqueur celui qui marque le plus d’essais, les points de pénalité ne servant à départager deux équipes à égalité. Cette rénovation me semble aller vers plus d’équité, de bon sens et, allez savoir, de droits télévisés.
Photo Flickr de Philheckel